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"Oui il faut croire en la vie et en un bel avenir, ensemble, car la France, non, ce n'est pas la haine, c'est la fraternité ! Une France aux 1000 visages avec un grand cœur !"
Xavier Zimbardo


« Je ne suis pas raciste, mais il faut bien voir les choses en face : les enfants ne sont pas des gens comme nous. Attention. Il n’y a dans mes propos aucun mépris pour les petits enfants. Seulement, bon, ils ont leurs us et coutumes bien à eux. Ils ne s’habillent pas comme nous. Ils n’ont pas les mêmes échelles de valeurs. Ils n’aiment pas tellement le travail. Ils rient pour un oui et pour un non. »
(Pierre Desproges)


« LES FRANÇAIS À LA BAGUETTE »
Portraits de la France libre au 21ème siècle


« Les Français à la baguette » propose un sujet en phase avec une actualité inquiétante et certains discours dangereusement démagogiques. Le contexte actuel, souvent intolérant, invite au repli sur soi et au refus de l’altérité. Beaucoup ont fait leurs fonds de commerce politique de la peur de l’autre et du rejet des métissages. Le vivre ensemble dans toute la richesse de nos différences est menacé. Les élections de 2017 risquent d’être à nouveau marquées par une dérive extrémiste se basant sur une prétendue identité nationale et véhiculant des clichés populistes pernicieux.


Faisant écho à l’image de « Little Johnny », le vendeur breton d’oignons rouges en Angleterre qui, depuis le 19e siècle, caractérise le Français aux yeux de l’étranger, avec sa baguette et son béret, ces photographies ont le désir de moderniser cette représentation traditionnelle avec le visage des vrais Français d’aujourd’hui et leur beauté multiculturelle. Grâce à la joie de vivre des modèles, la fraternité s’installe avec humour et poésie.


Au lycée Jean-Jacques Rousseau de Sarcelles, nous avons lancé avec les jeunes un atelier-photo dans un esprit fraternel, en résistance à cette intolérance qui stigmatise l’appartenance originelle de nombre d’entre eux. Sarcelles est une ville certes pauvre économiquement mais riche d’une exceptionnelle diversité : sa population est originaire de plus de 90 pays. Le lycée est par conséquent très représentatif du visage multiculturel de cette nouvelle France qui forge peu à peu son originalité et sa vigueur dans un creuset permanent d’échanges et de partages.


Nous avons pris en photo des personnes de tous âges et de toutes origines, (jeunes, profs, administration, ouvriers, etc.), portant une baguette de pain et un béret sur fond de drapeaux français. Ceci nous a été inspiré par un célèbre sketch de Fernand Raynaud "Le douanier" où il déclare : "Je n'aime pas les étrangers, ils viennent manger le pain des Français" et finit par faire fuir du village où il réside un étranger qu’il accable de ses sarcasmes. À la fin, l’étranger s’en va, avec toute sa famille, et retourne dans son pays au-delà des mers. Hélas depuis, au village, on ne trouve plus de pain : cet étranger… il en était le boulanger !


Cette recherche s’est poursuivie dans le 18e arrondissement de Paris avec des responsables d’associations engagés dans des actions citoyennes. Il ne s’agit pas de monter les gens les uns contre les autres mais de faire réfléchir sur les stéréotypes qui fondent cette soi-disant « identité » en constante évolution. Ainsi tous les Allemands seraient d’invétérés mangeurs de choucroute abreuvés dès le biberon à la bière. En Belgique on ne jurerait que par les moules frites, en France par le pinard, le camembert et le saucisson. Honte à ceux qui s’en abstiendraient : ce serait de mauvais Français… Le Français se reconnaîtrait, vu de l’étranger, à quelques « clichés » dans sa parure quotidienne : un béret sur la tête et une baguette sous le bras. Beaucoup ignorent l’origine historique de cet amusant poncif et de toutes les images facétieuses qu’il ne cesse d’engendrer.


Cette création artistique ouverte sur notre société, en ironisant sur les stéréotypes par la répétition de ce cliché (tous les Français portent un béret et se promènent avec une baguette de pain), peut contribuer à faire prendre conscience de la richesse des uns et des autres, quelle que soit l’origine de chacun.


Nous jouons de ces clichés pour faire réfléchir sur leur aspect réducteur. Nous aimerions faire sourire avec bienveillance en accentuant le trait à outrance : tout un peuple de Français aux mille couleurs portant bérets et baguettes sur fond de drapeaux tricolores à foison ! Les traces de peinture incrustées en surimpressions sur les portraits évoquent un visage de la France s’ébauchant peu à peu de toutes les couleurs, une physionomie qui se dessinerait dans la joie et la fraternité des rencontres, fondée sur le Contrat Social, pas sur le sang.


En ces temps de déchirement où les harangues de haine, de mépris et d’exclusion nous assourdissent et nous rabaissent sous leur clameur tonitruante, les seules voix de la raison ne suffisent pas. Pour contrer ces torrents de boue, il faut faire jaillir des sources d’eau claire au cœur des brasiers de la colère, des geysers d’enthousiasme. Géothermie de la chaleur humaine. Montrer avec tendresse, fierté et joie de vivre que le visage de la France est celui d’un peuple qui, comme la vie, est en perpétuelle métamorphose : une France aux multiples facettes dans toute la beauté de sa diversité. Et ces Français libres ne marcheront pas… à la baguette !


Xavier Zimbardo​


Avec la participation de PhotSoc (Festival International de la Photographie Sociale), d'élèves et enseignants du lycée JJ Rousseau de Sarcelles, du MRAP Fédération de Paris (Mouvement contre la Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples) et de la Maison des associations du 18e que nous remercions chaleureusement pour leur soutien fraternel.
Remerciements particuliers à Marie Montolieu​, Ossiane Océane, Lilène Lyonnais​ et Juliette Jem​, mon assistante pour les éclairages.

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