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VITRAUX

Deux messages chaleureux - Mercredi 1er février 2006

Voilà des nouvelles qui font chaud au coeur ! Deux très chaleureux messages reçus aujourd'hui !!!


Bonjour Monsieur Zimbardo,
Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que l'un des seuls enseignants de primaire dont je me souviens encore du nom, est reporter-photographe et artiste de surcroît.
Je suis encore abasourdie!
Le temps passe et on oublie. Mais on n'oublie pas ces personnes qui ne passe qu'un instant, qu'une année dans une vie et vous marque tant! Je pense souvent à vous et ma mère aussi car je me souviens des maux de tête que j'ai dû vous donner et d'un plaisir que vous m'avez fait découvrir et qui m'a mené à un autre. Je vais être plus clair.
Je suis une de vos élèves de primaire. Vous m'avez enseigné à Anatole France en classe de CE2, très exactement et à part Monsieur P B -qui nous faisais si peur- vous êtes le seul maître dont je me souviennes encore du nom. Je suis Magali G., une bavarde invétérée dont vous ne saviez plus quoi faire pour la calmer. Et lors d'une remise de bulletin trimestriel, vous avez suggéré à ma mère de m'inscrire au Petit Théâtre de Jacques Prévert au Vieux Sarcelles.
Et cela a porté ses fruits.... Un temps... suffisamment je pense pour atténuer vos maux de tête. Vous nous avez appris de jolies chansons du répertoire français (je fredonne encore souvent le petit âne gris, et l'est appris à mon petit frère par la suite). Je me souviens de votre guitare. Vous m'avez donné l'envie de faire de la musique. Encore en primaire, quelques années plus tard, j'ai demandé à mes parents de m'inscrire au conservatoire de musique ( qui était du côté de l'avenue du Huit mai en ce temps là) pour apprendre le piano et chanter.
Vous m'avez marqué et beaucoup apporté. Même sur le plan scolaire, vous êtes le seul à avoir réussi à me faire faire des progrès en maths, une matière que je détestais tant et qui me le rendait bien. Je ne suis toujours pas douée mais votre compagne m'avait tellement motivée pour que j'aies mon bac qu'il a fallu que je m'y mette avec plus de conviction et que certains de mes camarades de classe me donnent des cours particuliers.
Et oui!! Votre femme a été ma professeur principale en Terminale, à Jean-Jacques Rousseau. Je vois que la pédagogie, l'accompagnement et l'enrichissement des élèves c'est une histoire de famille. C'est grâce à elle (entre autres, mais surtout elle car elle a su me motivée, et cette idée de traitement pour calmer mes angoisses durant les épreuves, était lumineuse!!) que j'ai eu mon bac (j'ai fait un deug de lettres modernes à la Sorbonne, puis un BTS Assistante de direction par la suite), et pour tout ça, elle et vous, je ne vous remercierai jamais assez.
Je me demande si vous enseignez toujours. En tous cas, vous faites de magnifiques photos et votre site est très riche. Je n'ai pas encore trouvé assez de temps pour l'explorer en long, en large et en travers, mais le peu que j'en ai déjà vu, m'a beaucoup plu. Continuez c'est formidable (bien que vous n'ayez pas besoin de mes encouragements!).
Bon je pense que j'ai déjà pris beaucoup de votre temps pour que vous lisiez ce mail. Ma mère et moi vous saluons chaleureusement, passez mes salutations à votre épouse, je vous remercie encore pour tout.

Magali G.


Bonjour,
Je m’appelle M., j’ai 45 ans. Nous nous connaissions puisque comme vous, j’étais enseignante dans le Val d’Oise, mon premier poste.
J’ai entrepris un long et périlleux travail d’introspection, une sorte de voyage dans le temps, à l’envers.
Sur le chemin, je vous ai croisé et reconnu… tel que toujours.
Cela m’a donné l’envie de m’arrêter un instant. Remémoration heureuse de la rencontre qui irradie. Plus tard, dans le souvenir, on ne fait qu’un moment de tous les moments mais aujourd’hui, à partir d’un rien, tout un discours s’est dressé et beaucoup de choses, par association, vous ont ramené à ma mémoire...
Pendant toutes ces années, je ne me suis souvenue de presque rien. Pour que la mémoire puisse bien fonctionner, elle a besoin d’évocations et de conversations entre amis sinon, elle s’en va…
Ce doit être cela la nostalgie, plus elle est forte plus elle est vide de souvenirs.
Elle n’intensifie pas l’activité de la mémoire, n’éveille rien, elle se suffit à elle-même, à sa propre émotion, tout absorbée qu’elle est par sa seule souffrance…
Je vis et je travaille désormais à Collioure.
Rien de tempéré ici… drôle de pays, drôle de beau pays…
J’ai quitté mon gris tout en nuances subtiles pour me plonger dans une lumière à laquelle j’ai du mal à me faire.
Elle descend droit, drue, elle aveugle, immobilise et disloque avec violence comme ces pluies qui vous surprennent parfois et emportent tout jusqu’à la mer.
Mais à certaines heures, pour les yeux des attentifs et des patients seulement, elle fait chatoyer.
Vous passez ainsi d’une nuance à l’autre, dernier état de la couleur qui ne peut être nommé… et ça bouleverse.
Peut-être viendrez-vous un jour jusqu’ici pour y faire quelques belles images…
Ce serait bien.

A un lecteur mécontent au sujet du Maroc - Samedi 24 décembre 2005

Cher Monsieur,


Pardonnez-moi de vous répondre si tardivement. Mon activité professionnelle m’entraînant souvent loin de France, je n’ai pris connaissance de votre courrier qu’avec un décalage important.
Dans mon article sur les forteresses berbères du Haut-Atlas, j’ai écrit dans le magazine GRANDS REPORTAGES d’août 2005 :
"Beaucoup [de ces édifices] ont servi au dernier seigneur de l’Atlas, devenu Pacha de Marrakech, le Glaoui, pour maintenir son autorité sur les populations. Allié des occupants français durant le Protectorat de sinistre mémoire, considéré comme un traître par le roi Mohamed V à la victoire des indépendantistes, on a volontairement laissé sombrer dans l’oubli un patrimoine architectural sans pareil, attaché à son souvenir funeste. Un peu comme chez nous on avait, du temps de la Révolution, rasé les demeures seigneuriales et dévasté les abbayes, livré au feu et à l’opprobre ces symboles de l’oppression séculaire et du pouvoir honni.


Vous m’avez écrit le 20 août dernier pour me reprocher ces propos. Je vous cite (les caractères en majuscules et la ponctuation sont vôtres) :


"Monsieur,
Comme quoi 2 et 2 ne font pas automatiquement 4. C’est au sujet de votre article sur le SAHARA. Nous n’avons pas dû voir les mêmes personnes car vous écrivez :
AU SOUVENIR FUNESTE DU PROTECTORAT
Etes-vous réellement allé à OUARZAZATE ?
Avez-vous parlé aux gens. Ils parlent pratiquement tous le français, leçon pour notre PAYS. Ils vous parlent encore du MARECHAL LYAUTEY, inconnu sûrement de vous et de nos compatriotes. D’ailleurs, ils disent : les routes et le reste nous le devons à l’armée française. Avez-vous vu la plaque sur une route en montagne remerciant tous ceux qui ont construit. J’aime MAROC (sic) et les MAROCAINS mais je ne pouvais laisser dire des choses semblables.
Veuillez recevoir Monsieur mes sincères salutations.
"


Cher Monsieur, nous n’avons pas dû lire le même article. Avez-vous réellement lu mon article ? Mon voyage se déroule dans le Haut-Atlas, et le Moyen-Atlas, ce qui n’est pas vraiment le SAHARA, comme vous le dites si bizarrement.
Non seulement j’ai parlé aux gens mais j’ai aussi étudié un certain nombre d’ouvrages historiques, ce qui semble ne pas être votre cas. Avec un peu de curiosité intellectuelle, il est clair que les mots "souvenir funeste" que j’emploie à propos du Glaoui (et non du Protectorat : là aussi vous avez lu un peu "à côté" de ce qui était réellement écrit) ne sont pas de trop. Le Glaoui était un traître à son peuple et à sa nation. Un collabo, si vous voyez ce que je veux dire. Le résistant courageux, là-bas, s’appelait Abd El-Krim, et l’occupant (français, ici, en l’occurrence) lui réserva un bien triste sort.


A l’égard du protectorat, j’ai employé des termes encore plus forts, plus amers, en parlant de "sinistre mémoire", et je pèse mes mots. Ne vous êtes-vous pas demandé pourquoi l’armée française avait construit des routes là-bas ? Sans doute, n’est-ce pas, pour permettre aux petits Marocains de se rendre à l’école, bien sûr ? Et aux petites Marocaines d’aller plus facilement chercher l’eau ? Vraiment, croyez-vous ces fadaises ?
Il est bon, j’en conviens, de parler avec les gens et de les écouter. Il est bon de tenter de comprendre, et pour cela de lire ; et de BIEN lire. Pas de travers. Il y a tant de témoignages irréfutables qui relatent les terrifiantes exactions de l’armée française et de nos compatriotes que je m’étonne de l’innocence avec laquelle vous proclamez le contraire, en toute ignorance de l’Histoire et de ses tragédies. Vous me parlez de Lyautey et vous affirmez : "inconnu sûrement de vous et de nos compatriotes". D’où vous vient tant d’assurance et de mépris sur les connaissances éventuelles de nos compatriotes ? Vous n’avez pas tout à fait tort sur un point : Lyautey n’était certainement pas le pire. Pétain, ça vous dit aussi quelque chose, sans doute ?


Il n’est pire aveugle que celui qui refuse de voir. Je vous invite à lire, par exemple, Notre ami le Roi, de Gilles Perrault. En voici quelques extraits éloquents :


"Les premières atteintes étaient anciennes. Espagnols et Portugais débarquent au xv' siècle, s'emparent d'une dizaine de ports - Ceuta, Tanger, Larache, etc. - qu'ils fortifient, canons tournés vers l'intérieur des terres. Même Marrakech est attaquée. Ces enclaves sont autant de têtes de pont pour le commerce européen, qui entasse dans ses navires les marchandises livrées par les caravanes: gommes, laines et cuirs locaux, or du Soudan, esclaves noirs capturés sur les rives du fleuve Sénégal, plumes d'autruche, ivoire. Ainsi le fait colonial est-il, comme toujours, blessure intime pour la communauté violée (la religion jouant ici son rôle plus qu'ailleurs), et source de profit pour la caste autochtone qui compose avec lui. Les sultans ne sont pas les derniers à prendre leur part de bénéfice. Le négoce étant peu compatible avec leur dignité, ils traitent par l'intermédiaire d'hommes de paille, souvent des Juifs. La révolution industrielle du XlX' siècle change toutes les données. L'Europe explose. Il lui faut des matières premières et des marchés. (…)
(…) La flotte française bombarde Casablanca et débarque un corps expéditionnaire "pour rétablir l'ordre". Le pays se soulève. Abdelaziz, qui condamne la sédition, passe à la trappe, déposé par les oulémas. Son frère et successeur louvoie, puis se soumet. Il accepte de signer un appel à l'aide militaire française pour en finir avec la "rébellion". Au nord, une armée espagnole de quarante mille hommes défait, non sans mal, l'insurrection rifaine. Lyautey entre à Fès, à Meknès, à Rabat. Il tient les plaines, mais il lui reste à conquérir la montagne, fief traditionnel de la siba. La guerre commence.


On vit alors ce qu'est le courage marocain. Ce fut une vraie guerre, une guerre de vingt-cinq ans, non une classique expédition coloniale, même si la France l'a occultée par orgueil (comment accepter que la nation victorieuse de la Grande Guerre fût tenue en échec par des "indigènes" mal armés?) et pour limiter les réactions de l'opinion publique internationale - si bien occultée qu'elle n'a aucune existence dans la mémoire collective française. Le général Guillaume écrira: "Aucune tribu n'est venue à nous dans un mouvement spontané. Aucune ne s'est soumise sans combattre et certaines sans avoir épuisé jusqu'au dernier de leurs moyens de résistance."
Aviation, artillerie, tanks et automitrailleuses: tous les moyens furent utilisés pour réduire l'une après l'autre les poches de résistance. Appliquant à merveille les tactiques de la guérilla, les bandes rebelles étaient insaisissables. Lorsqu'on parvenait enfin à les cerner, les hommes, souvent, se faisaient tuer jusqu'au dernier dans leur trou individuel. Souvent, les femmes ramassaient les fusils tombés des mains des combattants et ouvraient le feu à leur tour. Un médecin-capitaine français écrira de la résistance dans le Moyen-Atlas qu' "
elle atteint les limites de l'invraisemblance".
Bien sûr, la terreur: représailles massives, femmes et enfants pris en otages, villages rasés, et des ruses de guerre abominables, tels ces pains de sucre bourrés d'explosif distribués dans les zones rebelles. Le général Mangin, célèbre boucher de 14-18, se distingua par sa cruauté. Il avait pour spécialité de contraindre les populations raflées à des marches d'extermination dont nul ne revenait vivant.


La belle figure de Lyautey, officier de tradition tombé amoureux du Maroc, faisait écran à ces horreurs. L'épopée - le mot n'est pas trop fort - eut le Rif pour théâtre. Un petit homme rondouillard au regard doux mais bigle, fonctionnaire puis rédacteur en chef de la section en arabe d'un journal espagnol - le contraire en somme d'un guerrier rifain d'image d'Épinal -, soulève la montagne en 1921, écrase à Anoual une armée espagnole de vingt mille hommes, ramasse un butin de guerre considérable, bat derechef les troupes d'élite espagnoles envoyées en renfort, Franco à leur tête, et, dans la zone ainsi libérée - pratiquement le nord du Maroc -, fonde en 1923 la République du Rif. Il s'appelle Abd el-Krim.
Lyautey écrit l'année suivante: "
Rien ne pourrait être pire pour notre régime que l'établissement si près de Fès d'un État musulman indépendant et modernisé". Tandis que les Espagnols s'efforcent de sauver Tetouan et Melilla, l'armée française attaque par le sud. Elle plie sous la contre-offensive rifaine. Lyautey, débordé, passe la main. La France appelle à la rescousse son plus prestigieux soldat, le maréchal Pétain, tout auréolé de sa victoire à Verdun, et le met à la tête d'une armée de sept cent vingt-cinq mille hommes, appuyée par quarante-quatre escadrilles. Soixante généraux français sont sous ses ordres. Les Espagnols, de leur côté, débarquent cent mille hommes. En face, une armée rifaine forte d'un noyau permanent de trente mille combattants renforcés par des irréguliers.
Ils tiennent plus d'un an sous les tirs d'artillerie lourde et les assauts des blindés, contre lesquels leurs fusils ne peuvent rien. Pétain, qualifiant ses adversaires de "hordes barbares", avait interdit l'acheminement jusqu'au Rif d'une aide internationale humanitaire et médicale. Le 27 mai 1926, Abd el-Krim fait sa reddition. Ses soldats ne s'éprouvent pas vaincus, et les volontaires continuent d'affluer, mais leurs villages croulent l'un après l'autre sous les bombardements massifs de l'aviation française. Un Guernica par semaine, que nul Picasso n'immortalisera.


Il faut arrêter le massacre. Abd el-Krim, précurseur et modèle des leaders qui, un demi-siècle plus tard, conduiront leur peuple à l'indépendance par des méthodes apprises de lui, est déporté à la Réunion. Il s'en évadera après vingt ans de détention et finira ses jours en Égypte. Pendant cinq ans, avec lui et grâce à la valeur de son peuple, le Rif a vécu indépendant. Il s'est constitué en république, effaçant des siècles de sultanat et de makhzen. Un État a réellement fonctionné, avec ses finances, sa justice, son système d'éducation - cet État modernisé dont Lyautey redoutait tant l'exemple pour le reste du Maroc. Rien de chauvin ni d'étriqué dans cette tentative anéantie par le fer et le feu. Abd el-Krim, habité par une vision mondialiste, profondément solidaire de toutes les luttes de libération nationale, souhaitait que le Rif montrât la voie à l'ensemble du peuple marocain.
La conquête du Maroc s'acheva en 1934 par la soumission des tribus du Sud, leurs palmeraies écrasées sous les bombes. La France avait eu trente-sept mille morts. Vingt ans plus tard, la guerre d'Algérie (1954-1962) lui en coûtera trente-trois mille.
Les sultans successifs s'étaient l'un après l'autre soumis. Abdelaziz avait vidé les caisses du makhzen - passant autour du cou du Maroc le lacet financier qui allait l'étrangler - et condamné la sédition de son peuple. Son frère, Moulay Hafid, pourtant d'une autre trempe, s'était lui aussi résigné à signer un texte demandant l'aide des troupes françaises pour rétablir l'ordre. Le 30 mars 1912, il accepte le traité de protectorat. Le Maroc est littéralement dépecé. A l'Espagne, le Nord et le Sud; le reste à la France. Un pays qui n'avait point connu la soumission à l'étranger depuis treize siècles entre dans la nuit coloniale. Si l'on oublie un seul instant l'humiliation profonde ressentie par le peuple, toutes tribus réunies, toutes classes confondues, si l'on minimise si peu que ce soit sa blessure jamais cicatrisée, impossible de rien comprendre à l'histoire du Maroc de 1912 à nos jours.


(…) Le Maroc est une excellente affaire. Les colons prospèrent. A la veille de la Deuxième Guerre mondiale, ils possèdent six cent mille hectares des meilleures terres, souvent acquises par simple décision administrative. Des dizaines de milliers de petits paysans marocains se retrouvent ouvriers agricoles sur la terre qui leur appartenait. Souvent, point de salaire: la subsistance contre la force de travail. Beaucoup doivent quitter la campagne et s'entasser dans les banlieues urbaines, en quête d'un improbable travail. C'est à Casablanca qu'est inventé un mot appelé à faire triste fortune: bidonville.
La grande industrie démarre grâce aux considérables ressources minières. Le port de Casablanca explose. Le pays se couvre de voies ferrées et de routes. Elles sont nécessaires au maintien de l'ordre comme au développement économique. Le Maroc décolle. Mais pour le compte de qui? A la veille de l'indépendance, sur quatre-vingt-onze mille voitures, treize mille appartiennent à des Marocains. Là où les salaires sont le moins injustes, un ouvrier européen est payé six fois plus que son "camarade" marocain. En 1944, les écoles primaires scolarisent un enfant sur soixante. De 1912 à 1954, la France fera en tout et pour tout cinq cent quatre-vingts bacheliers...
"


Cher monsieur MMMM, je ne sais si vous aurez su nous lire jusque là. Pour ce qui est de la route dont vous parliez, j’espère que vous aurez compris qu’elle servait essentiellement à ce qu’on appelait sans rire la "pacification", c’est-à-dire l’extermination de toute forme d’opposition, la suppression physique de tout espoir de liberté.
Vous dites aimer le Maroc et les Marocains : c’est au moins un sentiment que nous partageons. Mais derrière le mot "aimer", il semble que nous n’entendions pas la même chose. Aimer, ce n’est pas idéaliser, ce n’est pas se mentir, ce n’est pas caracoler avec des cocoricos, c’est tenter de comprendre, c’est aussi regretter quand on a commis des erreurs. Et la France au Maroc n’a pas commis que des erreurs, elle a commis des crimes. Si vous aimez le Maroc et si vous aimez la France, alors il faut apprendre aux jeunes générations à marcher sur un chemin de justice, éclairé par les leçons qu’ensemble nous saurons tirer de l’Histoire. Ceci afin que la mémoire de demain soit une mémoire dont nous puissions être fiers, une mémoire ni "sinistre", ni "funeste".


Avec mon meilleur souvenir…

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